Un lecteur de LSP écrit : Vasistas vient de l’allemand “was ist das ?” = qu’est-ce que c’est ?
Jusque là, tout va bien !
prononcé par les soldats prussiens de la “Wache” = surveillance (qui, prononcé à la française, a donné vache et permis l’élaboration d’une phrase revancharde bien connue) lors de l’occupation de Paris en 1871, alors que régnait le couvre feu et que certains oubliaient de masquer un oeil de boeuf ou une petite fenêtre.
Mais là, ça se gâte !
Parlons de la date d’abord, 1871 ! Le mot sous sa forme actuelle vasistas est déjà dans le dictionnaire de l’Académie en 1798 ! Le TLFi ou le DHLF (Dictionnaire historique de la langue française) mentionnent qu’en 1776, le mot est attesté sous la forme wass-ist-das et en 1784 sous la forme wasistas. Comme souvent, Google Livres permet même de trouver des datations antérieures. Par exemple, ce livre* de 1780 comprend déjà la forme vasistas.
Le mot a même eu la forme vagistas** qui fut un temps recueillie au Supplément du Dictionnaire de l’Académie, quoiqu’elle fût critiquée par les grammairiens et les lexicographes comme Laveaux***.
Bref la date d’introduction du mot est clairement antérieure à la guerre de 1870.
Parlons de la chose, maintenant. « Certains oubliaient de masquer un oeil de boeuf ou une petite fenêtre », dites-vous. C’est que vous avez en tête le sens actuel fréquent de vasistas, d’une fenêtre à tabatière prise dans le toit d’une maison. Mais ce n’est pas le sens originel de vasistas. Selon le TLFi, c’est un petit vantail vitré, pivotant sur un de ses côtés, ménagé dans une porte ou une fenêtre, et que l'on peut ouvrir indépendamment de celle-ci. . Quand il est réalisé dans une porte, c'est l'ancêtre du judas optique, et cela explique bien que dans des pays de langue allemande, des soldats français aient pu entendre en frappant aux portes des habitants "was ist das ?" (Qu'est-ce que c'est ?) et aient pu désigner ainsi ce guichet et ramener le mot en France. Hugo l’emploie bien dans ce sens dans Choses vues : Le cachot ne recevait de jour que par là et par le vasistas de la porte, jour de souffrance qui venait du corridor et du greffe et non du préau. Par ce grillage et par le vasistas, on observait, nuit et jour, Louvel, dont le lit était dans l’angle au fond.
Cf. aussi l'article de Wikipedia
=============
*Tant que la saison le permetra, & même dans les beaux jours de l'hiver, on tiendra une partie des croisées du midi ouvertes ; ne fût-ce qu'un simple careau de vitre, en manière de vasistas.(Ornithotrophie artificièle, ou art de faire éclôre & d'élever la volaille par le moyen d'une chaleur artificièle, Paris, 1780, page 446)
**Nous étions dans le vestibule. J'ordonnai qu'on allât promptement chercher un fiacre, et en attendant qu'il arrivât, je fis entrer la marquise dans la loge du suisse. Il n'y avait qu'un instant que nous y étions, lorsqu'un homme présenta sa figure par le vagistas entr'ouvert, et demanda si le baron était chez lui. (Jean-Baptiste Louvet de Couvray, Vie du Chevalier de Faublas, édition de 1821).
***« VAGISTAS.
(article initialement ébauché sur Langue Sauce Piquante.)
Jusque là, tout va bien !
prononcé par les soldats prussiens de la “Wache” = surveillance (qui, prononcé à la française, a donné vache et permis l’élaboration d’une phrase revancharde bien connue) lors de l’occupation de Paris en 1871, alors que régnait le couvre feu et que certains oubliaient de masquer un oeil de boeuf ou une petite fenêtre.
Mais là, ça se gâte !
Parlons de la date d’abord, 1871 ! Le mot sous sa forme actuelle vasistas est déjà dans le dictionnaire de l’Académie en 1798 ! Le TLFi ou le DHLF (Dictionnaire historique de la langue française) mentionnent qu’en 1776, le mot est attesté sous la forme wass-ist-das et en 1784 sous la forme wasistas. Comme souvent, Google Livres permet même de trouver des datations antérieures. Par exemple, ce livre* de 1780 comprend déjà la forme vasistas.
Le mot a même eu la forme vagistas** qui fut un temps recueillie au Supplément du Dictionnaire de l’Académie, quoiqu’elle fût critiquée par les grammairiens et les lexicographes comme Laveaux***.
Bref la date d’introduction du mot est clairement antérieure à la guerre de 1870.
Parlons de la chose, maintenant. « Certains oubliaient de masquer un oeil de boeuf ou une petite fenêtre », dites-vous. C’est que vous avez en tête le sens actuel fréquent de vasistas, d’une fenêtre à tabatière prise dans le toit d’une maison. Mais ce n’est pas le sens originel de vasistas. Selon le TLFi, c’est un petit vantail vitré, pivotant sur un de ses côtés, ménagé dans une porte ou une fenêtre, et que l'on peut ouvrir indépendamment de celle-ci. . Quand il est réalisé dans une porte, c'est l'ancêtre du judas optique, et cela explique bien que dans des pays de langue allemande, des soldats français aient pu entendre en frappant aux portes des habitants "was ist das ?" (Qu'est-ce que c'est ?) et aient pu désigner ainsi ce guichet et ramener le mot en France. Hugo l’emploie bien dans ce sens dans Choses vues : Le cachot ne recevait de jour que par là et par le vasistas de la porte, jour de souffrance qui venait du corridor et du greffe et non du préau. Par ce grillage et par le vasistas, on observait, nuit et jour, Louvel, dont le lit était dans l’angle au fond.
Cf. aussi l'article de Wikipedia
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*Tant que la saison le permetra, & même dans les beaux jours de l'hiver, on tiendra une partie des croisées du midi ouvertes ; ne fût-ce qu'un simple careau de vitre, en manière de vasistas.(Ornithotrophie artificièle, ou art de faire éclôre & d'élever la volaille par le moyen d'une chaleur artificièle, Paris, 1780, page 446)
**Nous étions dans le vestibule. J'ordonnai qu'on allât promptement chercher un fiacre, et en attendant qu'il arrivât, je fis entrer la marquise dans la loge du suisse. Il n'y avait qu'un instant que nous y étions, lorsqu'un homme présenta sa figure par le vagistas entr'ouvert, et demanda si le baron était chez lui. (Jean-Baptiste Louvet de Couvray, Vie du Chevalier de Faublas, édition de 1821).
***« VAGISTAS.
Locut Vic. Ouvrez le vagistas.
Locut. Corr. Ouvrez le vasistas.
Le vasistas est une petite partie d'une porte ou d'une fenêtre, laquelle partie s'ouvre et se ferme à volonté. Ce mot vient des trois mots allemands Was ist das? (Quoi est cela?) que l'on a estropiés comme la plupart des mots qui nous viennent des langues étrangères.
Vagistas, qui est dans la bouche d'une infinité de personnes, se trouve, on ne sait pourquoi, dans le Dictionnaire de Gattel ; mais il ne se trouve que là. (Gramm. des gramm.)
(article initialement ébauché sur Langue Sauce Piquante.)